Nous sommes le 14 février (Schéma+explication)

       Les Jeux Paralympiques de Londres 2012 se sont achevés le 9 septembre dernier. Cette compétition permet aux athlètes handicapés de sortir de l'ombre une fois tous les 4 ans grâce à une couverture médiatique un peu plus étendue mais toujours insuffisante... Cependant, la performance individuelle de certains athlètes handicapés, comme Oscar Pistorius, aura permis au grand public d'y porter une attention toute particulière...
          Si les prothèses existent depuis de nombreuses années, leur capacité à remplacer pleinement les fonctions d'un membre naturel n'a jamais été totale. Et les performances sportives des athlètes équipés de prothèses ont toujours été inférieures à celles des athlètes valides. L'arrivée du sprinteur Oscar Pistorius a toutefois remis en question de nombreux principes. Cet athlète, amputé des deux jambes sous le genou depuis son plus jeune âge, court avec deux prothèses en carbone !
          Ses performances sportives ont été si bonnes qu'il a exprimé le souhait dès 2007 de courir parmi les athlètes valides. Mais dans le même temps, elles ont soulevé une interrogation chez les experts et les scientifiques : les prothèses en carbone qu'Oscar Pistorius utilise ont-elles des propriétés similaires ou supérieures aux membres biologiques ?
          Un test a permis de mesurer les forces verticales et horizontales, la durée du contact du pied / prothèse au sol, la phase aérienne (entre le moment où un pied quitte le sol et où l'autre touche le sol), le temps pour replacer le membre inférieur (entre le moment où un pied quitte le sol et le moment où ce même pied touche le sol à nouveau) et la durée de la foulée (entre deux contacts consécutifs du même pied).
          Les principaux résultats de cette étude indiquent que les variables physiologiques (la dépense énergétique de la course et l'endurance de sprint) entre Oscar Pistorius et les athlètes valides sont similaires, mais que la mécanique de course présente des différences significatives durant le sprint.
          Tout d'abord pour la première hypothèse, les résultats montrent que la dépense énergétique d'Oscar Pistorius est plus faible de 4 à 7% en comparaison à celle d'athlètes élites, et plus faible de 17% en comparaison à celle d'athlètes spécialistes du 400m. Toutefois, l'athlète handicapé possède une VMA similaire à celle des athlètes valides. Il est également important de noter que des athlètes valides de niveau mondial ont des dépenses énergétiques inférieures à celle d'O. Pistorius et un athlète marathonien amputé des deux jambes lui aussi possède une dépense énergétique supérieure de 19% à celle de Pistorius. Sur la base d'un seul cas, il est donc très difficile de conclure définitivement sur le bénéfice ou non des prothèses au niveau de la dépense énergétique.
         Concernant la seconde hypothèse, les résultats soulignent qu'il n'existe aucune différence entre Oscar Pistorius et les athlètes valides au niveau de l'endurance de sprint. Les vitesses maximales des sprints diminuent en fonction de la durée de la même manière que pour les ahtlètes valides. Cela montre que sans les phases de départ et d'accélération, lors des phases de vitesse constante, la capacité à maintenir une vitesse est la même pour Oscar Pistorius que pour des athlètes valides. Les départs plus lents d'Oscar Pistorius dus à ses prothèses permettent peut-être d'expliquer les fins de course plus rapide.
          Pour ce qui est de la troisième hypothèse, les résultats révèlent que les différences observées sont dépendantes de la vitesse de course : à faible vitesse, les différences étaient inexistantes ; à vitesse moyenne, elles étaient modérées ; et à vitesse élevée, elles étaient importantes. Pour une vitesse maximale de 10 m·s-1, Oscar Pistorius a un temps de contact au sol 14% plus long, une phase aérienne 34% plus courte, un temps pour replacer le membre inférieur 21% plus court, une fréquence de foulée 16% plus élevée et une force verticale 23% plus faible (Fig. 2). Un athlète équipée de deux prothèses applique donc une force plus faible au sol mais plus longtemps et plus souvent qu'un athlète valide. Cette compensation permet à O. Pistorius d'atteindre une vitesse maximale similaire à celle d'un athlète valide sur tapis roulant.
          Une partie des auteurs de cette étude ont avancé l'hypothèse que cette fréquence de foulée élevée était due à la légèreté des prothèses en comparaison à des membres biologiques. Néanmoins, c'est sans considérer l'adaptation neuromusculaire d'Oscar Pistorius pour compenser le manque de force qu'il est possible d'appliquer avec les prothèses.